Un weekend dans la ville de la démesure...
Mexico City. Facile de comprendre pourquoi le Distrito Federal (DF) est surnommé "le défectueux" par les Mexicains. Mexico City, une des villes les plus peuplées de la planète avec ses 22 millions dhabitants répartis dans 350 quartiers. Mexico City qui sétend sur 60 kilomètres du nord au sud et 40 kilomètres de lest à louest, et qui ne cesse pour autant de sagrandir. Mexico City, ville du crime par excellence avec une moyenne de 4 enlèvements, 84 vols de voiture et 55 agressions par jour. Ville du smog et de la pollution, également...
Notre visite dans la capitale mexicaine commence au musée dAnthropologie, un des plus reconnus du monde - et avec raison. Les diverses salles dexposition regorgent dobjets et dartefacts provenant de tous les coins du Mexique et témoignent de limmense richesse culturelle et historique du pays. Je mextasie devant loriginalité et la diversité des sculptures et des figurines, que javais déjà commencé à apprécier depuis ma visite de Chichén Itza, en juin. Les peuples précolombiens de Mésoamérique ont eu, au fil des siècles, tellement de façons différentes de se représenter les humains, les animaux et leurs dieux!
En fin daprès-midi, Noémie et moi nous rendons sur le zócalo, la plaza principale de México, et découvrons les décorations qui ont été installées en prévision de la fête de lindépendance, qui aura lieu la fin de semaine prochaine. Un immense drapeau vert-blanc-rouge couvre tout un pan du zócalo. Un peu partout se trouvent de gigantesques visages, représentant les acteurs les plus importants de cette lutte pour la libération du Mexique vis-à-vis lEspagne. À la tombée de la nuit, toutes ces décorations sallument sous notre regard enchanté et offrent un cadre des plus agréables pour une promenade entre les dizaines de vendeurs dartisanat et les kiosques à hot-dogs.
Samedi, Noémie et moi prenons le métro (le troisième plus grand au monde... plus très jeune, mais encore efficace) et allons à Coyoacán, qui était auparavant un village à part entière mais qui se trouve aujourdhui en pleine ville, dû à la progression tentaculaire du centre urbain dans les dernières décennies. À la sortie du métro, cest le choc: on ne se croit plus du tout à Mexico! Cest tranquille (bon… tout est relatif…), cest plein darbres et, qui plus est, on tombe sur un marché sympathique et sur des musiciens de rue qui font mon bonheur. Non sans avoir délesté mon porte-monnaie de quelques centaines de pesos, nous repartons ensuite vers le quartier de Polanco, où nous avons rendez-vous avec le charmant couple de couch surfers qui nous hébergera la nuit suivante. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec Couch Surfing, il sagit dun réseau de gens qui mettent à la disposition des voyageurs de passage un lit, un matelas ou un divan pour quelques nuits. Hector et Elvia nous réservent un accueil des plus chaleureux et nous mettent tout de suite à laise dans leur petit appartement. Ils nous invitent à les accompagner au cinéma, dans un nouveau centre commercial pas trop loin. Le cinéma est à limage des boutiques, cest-à-dire très, très luxueux… Fauteuils en cuir inclinables avec repose-pieds, tablette et lampe individuelles, couverture, le tout pour moins cher que le prix dune projection au Québec!
Après le film, nos hôtes nous emmènent au Worka, supposément la plus grande discothèque du pays. Il faut pour cela emprunter le periférico, qui, comme son nom lindique, est un boulevard circulaire qui parcourt la périphérie de la capitale. Hector nous apprend quil y a environ cinq ans, un politicien a initié la construction dun deuxième et dun troisième étage à ce fameux boulevard, dans le but datténuer les surencombrements (vous imaginez lheure de pointe dans une ville de cette taille?! Ça représente quotidiennement des millions de véhicules!). Belle initiative de la part de cet homme, qui a pourtant omis un “détail”: les zones jouxtant le periférico sont à ce point densément urbanisées quil ny a pas de place où construire les sorties dautoroute… Les véhicules qui empruntent les étages supérieurs sont donc contraints de rouler jusquà la fin du boulevard pour en sortir. Croyez-le ou non, ce non-sens mexicain a coûté jusquà présent plus de 5 milliards de dollars (pas de pesos! De DOLLARS!) et est encore loin dêtre terminé…
Trêve de corruptionneries, revenons au Worka! Dabord, je crois que leffet de grandeur est plus dû à son immense plafond en dôme quà sa réelle superficie… mais quelle ambiance!! Cumbia, reggaeton, banda, pop, rock, dance, techno, même Shania Twain y passe et nous invite à nous trémousser sur la piste de danse. Entretemps, notre serveur à lair “nerds” en complet rouge nous apporte la bouteille quHector a commandée (ici, ça semble revenir meilleur marché que dacheter des drinks individuels) et nous sert des bons petits verres de rhum au coco. Régulièrement, dautres serveurs viennent essuyer la table et remplir nos verres. On est bien loin des serveuses pitounes au sourire forcé des clubs montréalais!
À la fin de la soirée, comme semble le vouloir la tradition, nous allons manger des tacos qui, cette fois, ne me rendent pas malade…!
Dimanche midi, Hector et Elvia nous emmènent au Polar, qui a la réputation de servir les meilleures birrias du pays. Noémie et moi découvrons ce mets délicieux les larmes aux yeux (cest que cest piquant!!): de la viande dagneau des plus tendres, qui baigne dans un bouillon savoureux et que lon déguste avec des tortillas et de lavocat. Nos hôtes insistent encore une fois pour régler laddition, nous assurant quils le font de bon coeur. Je me promets de leur rendre la pareille, un jour, à grands coups de crêpes au sirop dérable!!
Après quelques heures passées dans le centre (sur la terrasse du Sears, entre autres, doù on a une vue partielle de la ville et une vue complète sur le magnifique Palacio de Bellas Artes), il est déjà temps pour Noémie et moi de reprendre la route en direction de Puebla. Nos amis nous ont acheté des bonbons typiques mexicains (rien à voir avec nos jelly beans!). Ils nous offrent aussi leur appartement pour le weekend prochain, et ce, même sils seront à lextérieur de la ville à ce moment. Hector et Elvia sont des anges de générosité et de gentillesse et sont décidément un coup de coeur de notre séjour dans le DF. Nous avons déjà hâte dy retourner, vendredi prochain, pour célébrer lindépendance…